Manx / Cymric : Une race de chats très controversée
Le Manx est une race féline ancienne et emblématique, originaire de l’île de Man, où une mutation génétique naturelle a donné naissance à des chats dépourvus de queue. Son corps cobby, musclé et arrondi, lui confèrent une silhouette puissante et harmonieuse. Doté d’un tempérament équilibré, il est affectueux, sociable et vif. Toutefois, l’absence de queue peut être associée à des anomalies vertébrales, nécessitant une sélection rigoureuse en élevage pour préserver la santé des chatons tout en conservant les caractéristiques uniques de la race.
Le Manx en quelques chiffres

L’histoire du Manx -Cymric
Découvrez un race très controversée. Interdite par certaines fédérations, décriée par certaines études vétérinaires, le Manx est pourtant une race très ancienne qui continue d’être élevée et étudiée à l’heure actuelle.





Les origines et Légendes du Manx
Le Manx est une race féline reconnue pour son absence de queue, une caractéristique qui a donné naissance à de nombreuses légendes. Parmi les plus célèbres, on raconte que le Manx aurait perdu sa queue lorsque Noé referma la porte de l’Arche trop vite, tandis qu’une autre légende attribue son origine à un croisement entre un chat et un lapin, ce qui est génétiquement impossible.
Historiquement, les premiers récits de chats sans queue remontent au XIXe siècle, bien que la mutation ait probablement existé bien avant. Joseph Train (1845) mentionne dans An Historical and Statistical Account of the Isle of Man l’existence de chats sans queue sur l’île. Il suggère qu’ils pourraient être issus d’un navire espagnol échoué à Spanish Head. Cependant, aucune preuve archéologique ne corrobore cette théorie.
Des mentions similaires apparaissent dans les écrits de John Welch (1836) et dans le Magazine of Natural History (1834), qui décrivent des chats sans queue appartenant à des paysans entre Ramsey et Peel. Au début du XXe siècle, Harrison Weir (1889), dans Our Cats, rapporte l’existence de chats similaires en Cornouailles, surnommés « Cornwall Cats ». Toutefois, cette population a disparu alors que le Manx a perduré grâce à l’isolement génétique de l’île de Man.
Le Manx à travers les expositions félines et la reconnaissance officielle
L’élevage et la reconnaissance du Manx ont véritablement débuté avec l’essor des expositions félines en Grande-Bretagne à la fin du XIXe siècle. Le Manx a rapidement attiré l’attention des juges pour son apparence distinctive et sa démarche particulière, qui rappelle celle d’un lièvre. Il est exposé dès 1880 au Crystal Palace de Londres.
En 1893, Adrien de Mortillet a présenté un Manx à la Société d’Anthropologie de Paris, notant que ces chats étaient similaires aux races bobtail japonaises. Frances Simpson (1903), dans The Book of the Cat, rapporte que les Manx étaient déjà bien établis comme race distincte, bien qu’ils fussent parfois confondus avec d’autres races bobtail.
Au XXe siècle, la popularité du Manx s’étendit aux États-Unis et au Canada, où des éleveurs ont tenté d’introduire des variantes à poil long, connues sous le nom de Cymric. Cette version longhair du Manx a été officialisée dans les années 1960 par des éleveurs canadiens.
Aujourd’hui, le Manx est reconnu par plusieurs fédérations félines comme la CFA (Cat Fanciers’ Association), le TICA (The International Cat Association) et le GCCF (Governing Council of the Cat Fancy). Cependant, la Fédération Internationale Féline (FIFé) en Suède a interdit l’enregistrement du Manx, en raison des problèmes de santé liés à son gène responsable de l’absence de queue (Lauder, 1981).
Le Manx : une race entre tradition et controverse scientifique
Le Manx a longtemps été considéré comme un symbole de l’île de Man, et les éleveurs insulaires ont tenu à préserver son authenticité. Toutefois, dès les années 1950, des préoccupations ont émergé quant aux effets secondaires du gène responsable de la queue courte.
Des chercheurs comme Deforest et Basrur (1979) ont montré que le gène M, responsable de l’absence de queue, était également associé à des anomalies vertébrales et neurologiques. Long (2006) a confirmé que le Manx ne pouvait exister qu’en tant qu’hétérozygote (Mm), car les chats homozygotes (MM) meurent in utero.
En 2015, le Manx Cat Genome Project (MCGP) a séquencé l’ADN du Manx pour mieux comprendre les mutations du gène Brachyury, confirmant son rôle dans le développement de la queue (99 Lives Cat Genome Sequencing Project, University of Missouri).
Malgré ces avancées, le débat persiste entre les éleveurs et les scientifiques. Certains estiment que la race devrait être préservée, tandis que d’autres considèrent que la sélection de l’absence de queue constitue un problème éthique. Pour en connaitre plus sur l’histoire du Manx RDV ici
La queue courte du Manx, une caractéristique emblématique, mais problématique
L’absence de queue, bien que distinctive, n’est pas simplement un trait esthétique. Elle est directement liée à des problèmes vertébraux et neurologiques, regroupés sous le terme de « Manx Syndrome ».
Le Manx présente plusieurs mutations du gène Brachyury, dont certaines en commun avec le Pixie Bob et l’Américan Bobtail. Si celles présentes chez le Pixiebob et l’American Bobtail ne posent pas de problèmes, il n’en est pas de même pour le Manx.
Les recherches menées par Kroll et Constantinescu (1994) ont montré que la majorité des chats « rumpy » (sans queue) présentaient des anomalies de la moelle épinière, dont la spina bifida, la syringomyélie et la dysplasie du cordon médullaire.
Le GCCF a modifié son standard en 1968 pour retirer la mention de la « démarche sautillante », après avoir constaté que ce trait était dû à des anomalies affectant la mobilité des pattes arrière.
En 2013, une étude menée par Edinburgh Genomics a confirmé que la mutation affectait également la formation du bassin et pouvait entraîner des problèmes de continence et de locomotion.
La mutation M, responsable de l’absence de queue chez le Manx, est une mutation dominante létale qui affecte le développement des vertèbres coccygiennes et sacrées (Long, 2006).
Types de queues observés chez le Manx :
- Rumpy → Aucune vertèbre coccygienne.
- Rumpy-riser →1 à 3 vertèbres sacrées formant un renflement
- Stumpy → 1 à 3 vertèbres caudales
- Longy (Longie) → Queue de longueur normale
En France Le LOOF interdit les mariages entre les 3 premières catégories. Elles doivent seulement être mariés avec des Manx à queue longue.
Problèmes associés à la mutation du Manx
✔ Spina bifida (fermeture incomplète du tube neural).
✔ Hydromyélie (dilatation du canal central de la moelle).
✔ Syringomyélie (formation de cavités dans la moelle épinière).
✔ Incontinence urinaire et fécale (Kroll et Constantinescu, 1994).
✔ Troubles de la mobilité et douleurs chroniques (Shell, 2003a).
Débats et interdictions du Manx
✔ FIFé (1981) : Interdiction du Manx en raison de ses problèmes de santé.
✔ TICA et CFA : Reconnaissance officielle mais réglementation stricte des accouplements (éviter le rumpy x rumpy).
✔ Débat éthique : La sélection de cette mutation est-elle acceptable, sachant qu’elle entraîne des souffrances ?
Conclusion :
Si le Manx n’était pas une race historique, il est probable que sa mutation serait aujourd’hui interdite. L’élevage du Manx reste un sujet de controverse, entre tradition et considérations éthiques liées au bien-être animal.
Actuellement des études sont encore menées pour comprendre l’origine exacte de ces problèmes et peut-être pouvoir les éradiquer mais pour le moment rien de tel n’existe.
Avis de l’auteure : Je ne vais pas me faire que des amis… De nombreuses races félines sont issues de mutations spontanées, qu’il s’agisse de la nudité, de variations de couleur ou de la polydactylie… La nature nous offre parfois de véritables merveilles. Cependant, une mutation associée à la douleur, à des souffrances, ou à une létalité partielle ne devrait jamais être volontairement sélectionnée.
Le bien-être animal doit toujours primer sur l’apparence, les résultats en exposition ou les intérêts financiers. Si, par le passé, le manque de connaissances scientifiques pouvait justifier certaines décisions, aujourd’hui, il est impossible d’ignorer les conséquences des mutations délétères. L’éthique et la responsabilité des éleveurs doivent guider les choix de sélection, afin que la beauté d’une race ne se fasse jamais au détriment de la santé et du bien-être des animaux.


Le Standard du Manx
Les Couleurs du Manx
Chez le Manx et le Cymric toutes les couleurs sont autorisées dans toutes les catégories. Vous y trouverez donc une grande variétés de pelages. Le Manx à une fourrure courte et dense, tandis que le Cymric à une fourrure mi longe et soyeuse.

Et pour tout savoir sur les couleurs des chats de race …




Look, gabarit & fourrure
Le Manx est un chat de format cobby, compact et musclé, avec un corps bien rond et puissant. Son dos forme un arc continu qui va des épaules à la croupe, renforçant son apparence robuste. Sa tête est large et arrondie, avec des joues pleines et un nez court et large. Ses yeux ronds et ouverts sont bien espacés, leur couleur devant être intense et en accord avec la robe. Les oreilles de taille moyenne à petite, larges à la base et arrondies à l’extrémité, s’intègrent harmonieusement à la tête. L’absence de queue est une caractéristique essentielle, bien qu’un léger renflement de cartilage puisse être toléré. Sa fourrure courte, dense et dressée, avec un sous-poil épais, offre une protection naturelle.
Pour en savoir plus vous pouvez découvrir le standard du Manx édité par le LOOF .