Gestion des Groupes Sanguins en Élevage Félin

L’importance du groupe sanguin en élevage félin est encore trop souvent sous-estimée. Pourtant, une incompatibilité sanguine entre un mâle et une femelle peut entraîner des conséquences graves, voire mortelles, notamment chez les chatons.

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1. Les groupes sanguins félins et leur transmission génétique

2. Symptômes et risques de l’isoérythrolyse néonatale (NI)

3. Tableau : Races et Risque de Groupe sanguin B

4. Éviter les incompatibilités de groupes sanguine en élevage

5. Pourquoi la gestion des groupes sanguins est essentielle en élevage ?

1.Les groupes sanguins félins et leur transmission génétique

Les chats possèdent trois groupes sanguins distincts :

Groupe A : le plus courant, dominant sur B. ( De 73% à 99%)
Groupe B : récessif, mais présent dans plusieurs races. ( De 0,3 à 30%)
Groupe AB : très rare, fonctionne comme le groupe A en cas de transfusion. ( 0,2% à 20%)

La prévalence des groupes sanguins dépend largement des races et des zones géographiques.

Transmission génétique

Un chat A/A est homozygote A et transmet uniquement A.
Un chat A/B est hétérozygote, porteur du B mais exprimant A.
Un chat B/B est homozygote B et transmet uniquement B.

Pourquoi ce facteur est crucial en élevage ?

Lorsqu’une femelle de groupe B met bas des chatons de groupe A, ces derniers peuvent absorber via le colostrum des anticorps anti-A produits par leur mère. Résultat : leurs globules rouges sont détruits, entraînant une isoérythrolyse néonatale (NI).

2. Symptômes et risques de l’isoérythrolyse néonatale (NI)

L’isoérythrolyse néonatale survient lorsque des chatons de groupe sanguin A tètent une mère de groupe B. Leur organisme subit alors une attaque des globules rouges, entraînant des complications graves :

Stade	Symptômes	Conséquences
🟡 Léger	Légère léthargie, perte d’appétit	Peut passer inaperçu, chaton plus faible
🟠 Modéré	Urines foncées, anémie	Nécrose de la queue ou des oreilles
🔴 Grave	Jaunisse, effondrement, mort subite	Taux de survie faible

Certains chatons légèrement atteints survivent mais présentent une perte de la pointe de la queue.

3. Tableau : Races et présence de Groupe sanguin B

Le groupe B est plus fréquent dans certaines races. Voici une classification selon le pourcentage de chats concernés :

% de groupe B	Races concernées
0%	Donskoy, Khao Manee, Korat, LaPerm, Mau Egyptien , Ocicat, Peterbald…
0-10%	American Shorthair, Bengal, Norvégien, Maine Coon, Munchkin, Oriental Shorthair/Siamese, Pixie-Bob, Bombay/Burmese, Chartreux, Scottish Fold, European Shorthair, Lykoi
10-20%	Bengal, Chartreux, Abyssinian/Somali, American Bobtail, Japanese Bobtail, Scottish Fold, Persian
20-30%	Exotic Shorthair, Ragdoll, Devon Rex
30-40%	Cornish Rex, British Shorthair
40-60%	Turkish Angora/Van, American Curl

Conclusion : Plus une race a une fréquence élevée de groupe B, plus les éleveurs doivent tester leurs reproducteurs.

4. Éviter les incompatibilités de groupes sanguine en élevage

Tester systématiquement ses reproducteurs

Un test ADN ou sérologique permet de déterminer le groupe sanguin d’un chat avant accouplement.
Disponible auprès de UC Davis, Antagene, Labgenvet…

Adapter les accouplements

En fonction des groupes sanguins :

Mâle A x Femelle A → Aucun risque
Mâle B x Femelle B → Aucun risque, mais conservation du groupe B
Mâle A x Femelle B → Risque élevé d’isoérythrolyse

Si une femelle B doit être reproduite avec un mâle A, les chatons doivent être nourris au biberon pendant les 72 premières heures.

Éliminer progressivement le groupe B en élevage

Un programme de sélection permet de réduire la fréquence du groupe B sans sacrifier la diversité génétique :

Génération	Parents	Résultat
1	Mâle B/B x Femelle A/A	100 % A, mais porteurs B
2	Mâle A/B x Femelle A/A	50 % A/A, 50 % A/B
3	Sélection des A/A	Population homogène en A

Ce processus permet d’éliminer progressivement les lignées à risque tout en maintenant une diversité génétique optimale.

5. Pourquoi la gestion des groupes sanguins est essentielle en élevage ?

L’isoérythrolyse néonatale est évitable avec un simple test sanguin.

✔ Les races à risque doivent être testées avant tout accouplement.
✔ L’éleveur doit éviter les croisements incompatibles pour prévenir les mortalités.
✔ Une stratégie progressive peut réduire la fréquence du groupe B en sélectionnant les reproducteurs.

Le typage sanguin est simple, peu coûteux et peut sauver des portées entières. Un élevage responsable intègre cette donnée génétique à sa gestion des lignées.

Sources : Giger et al. (1991) : Cette étude pionnière a examiné la fréquence et l’hérédité des groupes sanguins A et B chez diverses races félines aux États-Unis.

Knottenbelt et al. (1999) : Les chercheurs ont analysé la distribution des groupes sanguins chez les chats de race au Royaume-Uni, fournissant des données précieuses sur la prévalence des groupes A, B et AB.

Arikan et al. (2003, 2004) : Ces études se sont concentrées sur les races turques, notamment les Van et Angora, déterminant les fréquences des groupes sanguins et les titres d’allo-anticorps naturels.

Malik et al. (2005) : Cette recherche a exploré la distribution des groupes sanguins chez les chats en Australie, mettant en évidence des variations significatives entre les races.

Forcada et al. (2007) : Les auteurs ont étudié la prévalence des groupes sanguins félins dans le sud-est de l’Angleterre, offrant des insights sur les implications cliniques pour les transfusions et la reproduction.

Gunn-Moore et al. (2009) : Cette étude a évalué les fréquences des groupes sanguins chez les chats domestiques au Royaume-Uni, soulignant l’importance du typage sanguin en pratique vétérinaire.

Spada et al. (2014) : Les chercheurs italiens ont déterminé la distribution des groupes sanguins chez les chats domestiques en Italie, contribuant à une meilleure compréhension des risques d’isoérythrolyse néonatale.

Anderson et al. (2022) : Cette étude récente a fourni une analyse génétique approfondie de plus de 11 000 chats domestiques, incluant des données sur les groupes sanguins et la diversité génétique.